C’est parfois sa petite voix qui vous supplie « allez chérie, on en fait un dernier non ? ».
Parce que la patience est à bout.
Parce que la maison est trop petite.
Parce qu’il faudrait changer de voiture.
Parce qu’il faudra quand même payer des études.
Parce qu’on ne dort déjà pas.
Parce qu’on commence à re-dormir.
Parce qu’on s’en sort à peine.
Parce qu’ils sont grands et que non, non, et non, on ne veut plus de logistique nouveau-né.
Parce que non. C’est tout.
Et que nous sommes deux.
Enfin, un tout petit peu, pour la forme, dirons-nous.
Regrette-t-on toujours ? Passe-t-on sa vie à dire « moi aussi j’en aurais bien voulu d’un dernier mais… ». A-t-on toujours mal au ventre quand on croise un nourrisson ? Est-ce que cela passe cette envie ? Est-ce qu’on tourne la page parce que l’autre ne veut pas ? Et pourquoi ?
- Des nains c’est bien, ça occupe. Avant on s’emmerdait finalement (non ?). Maintenant, on se demande QUAND on va pouvoir faire ce qu’on veut au moment où on le veut. Ouvrir un livre ? Faire pipi ? Aller marcher plus de trente minutes sans avoir un nain dans les bras (qui pèse huit tonnes) ? Ah…qu’est-ce qu’on s’emmerdait avant…
- Avoir plusieurs nains, ça permet de gagner du temps. Et oui, ils jouent ensemble. Ils font des parcours, ils font des « missions spéciales », des pestacles et puis ils rigolent à table avec un air débile. Ils s’en foutent complètement des parents qui haussent le ton et même une menace de punition ultra-terrible (genre privation de DVD de Cars) les fait mourir de rire. Ils sont complices. Et quand ils ne le sont pas (environ 30 fois par jour), ils se gueulent dessus cinq minutes (ça les occupe), viennent se plaindre, et repartent main dans la main.
- Une grande famille, c’est chouette. On peut avoir des réductions (bon, il faut penser à faire sa carte de famille nombreuse, ce n’est pas gagné), on se fait toujours remarquer (pas toujours dans le bon sens du terme certes) et surtout, on ne se sent jamais seul. Bon, ok, ce n’est peut-être pas un point toujours positif. Enfin, un Mâle qui sort SEUL ses trois mômes au parc, c'est un peu la classe non quand même??
- Rempiler pour un Micronain, oui, ça fait flipper. Les nuits de merde, les problèmes de santé et les rendez-vous pédiatre, les moyens de garde et les couches, ça ne fait pas envie. Mais au final, ça passe vite. Ça ne reviendra pas. On n’a qu’une vie. Et un petit bébé qui s’endort sur le torse de son papa, c’est quand même choupi. Non ?
- Les sous. Oui, c’est une bonne raison. Mais je n’arrive pas à me dire que c’en est une. C’est comme le manque de place en fait, je pense qu’on arrive toujours (ou presque) à faire avec. Je sais pourtant que dans 15/20 ans il faudra sortir les sous pour les appartements ou les écoles, ou encore pour la bouffe tout simplement. Mais je n’ai pas envie de me dire que c’est une bonne raison tout simplement parce que je veux encore croire qu’on peut écouter son cœur avant d’écouter sa raison…
- La voiture. Ah oui, ça c’est une bonne raison.
Avec une famille nombreuse, on a une voiture familiale. Et tout le monde sait à quel point ça en jette carrément plus qu’une petite voiture coupée sport estampillée « j’ai un petit kiki ». Tout Mâle en monospace est drôlement plus chargé en sex-appeal qu’un beauf en coupé BM. Le Mâle père de famille est un mâle qu’on admire, qu’on regarde avec respect et connivence. Qui est d’emblée sympathique parce qu’il s’en fout que sa bagnole ne soit pas la plus grosse du monde (même si en secret il rêve d’un petit coupé pour ses 50 ans). - L’envie de passer à autre chose. Oui, moi aussi. J’ai envie de voyager sans boulets, j’ai envie de partir en week-end, j’ai envie d’un ciné à 22H et j’ai envie de bouquiner au lit le dimanche sans recevoir un jeu de mémory sur la tronche. Mais. Je me dis que ça reviendra. Et plus vite que ça. Que le temps file, mine de rien. Même si j’ai l’impression de n’avoir rien fait depuis 5 ans, c’est faux. J’ai fait d’autres choses. Je n’ai pas meublé le temps pour qu’il passe plus vite.
- Le sommeil. Putain ouais, le sommeil. Pardon mais je comprends. Dormir, pour moi la Marmotte, c’est une évidence, c’est une nécessité. Et là, bon, avouons-le, on ne dort plus très bien. Plus beaucoup. On se couche tôt. On se lève tôt. On appelle les gens à 9h sans se demander s’ils dorment encore. Il y a des jours où ça pèse, où ça rend fou, où on a juste envie de dire STOP. Et puis on prend du recul, on se dit que ça n’a pas grande importance finalement. Que le sommeil reviendra. Avec la vie sociale.
- Le couple. Il est où le couple ?
Bon, d’accord, pour convaincre le papa, il faudra plus que des « on va faire beaucoup l’amour pour les essais bébé, et après j’aurais des gros seins pendant 9 mois ». Parce qu’il n’est pas trop con le papa, il sait qu’après l’accouchement c’est « passez votre chemin » et qu’avec un nouveau-né c’est « on se fait plutôt un câlin-serré ?? ». Mais le couple se construit ailleurs, différemment, en tant que parents, et à force de vivre ensemble des épreuves terribles (urgence un jour férié, petit dernier qui se fait insulter par un boulet à l’école). Je blague mais je pense qu’être une famille fait aussi un couple. Différent, certes, mais pas moins bien. - Personne ne nous aide. C’est vrai. La famille est loin et la famille trouve que vos nains sont chiants. La famille veut bien vous dépanner mais pas trop. En même temps, ce sont vos nains non ? C’est vrai que si on est seuls 365/365 avec ses nains, ça peut être pesant. C’est vrai.
Mais bon, c’est le moment de scinder le couple, d’envoyer les grands avec maman pendant que papa gère le dernier. C’est le moment de faire des choses moins ambitieuses mais qui rapprochent.
Faire un enfant, le concevoir, tout cela tient de ce que nous sommes, de nos ressentis et de notre couple.
Parce que l’autre, justement, ne pourra pas, ne pourra plus.
Je ne sais pas si mon article est très clair, finalement.
Je ne sais pas s’il pourra aider à convaincre, probablement que non.
Probablement que tout cela est en nous, en lui, en vous et qu’il n’y a rien à faire.
Soyons honnêtes. Il y a autre chose.
Il y a l'âge, parfois, et l'envie de se préserver.
Il y a ce que nous avons envie d’être et l’image que nous souhaitons renvoyer.
Il y a notre vécu et notre envie de faire au mieux.
Et surtout, surtout, faites comme vous pouvez.
Mais ce ne sont que des enfants, ce n'est que de la vie. C'est un petit peu de vous.
Je terminerai sur cette citation (qui clôt également mon livre c'est vous dire si elle me touche) :
Avoir un enfant, c'est manifester un accord absolu avec l'homme. Si j'ai un enfant, c'est comme si je disais : je suis né, j'ai goûté à la vie et j'ai constaté qu'elle est si bonne qu'elle mérite d'être multipliée (Milan Kundera)