Samedi, nous nous sommes donc rendu au fameux mariage que je redoutais tant.
Cela faisait déjà bien 15 jours que je cogitais nuits et jours. Parfois j'en rêvais... Sur le trajet j'ai eu des maux de ventre, j'angoissais. Avec mon mari nous avons brièvement échangé sur le sujet pour ne pas trop faire monter la pression et il m'a dit une chose que je crois vraie : "Tu sais, sur son lit de mort il sera seul, et je crois qu'il le regrettera bien plus que toi !" Il m'a aussi conseillé de profiter de la vie, que si je voulais m'amuser au mariage de ne pas hésiter, même si "lui" y serait aussi.
Ma première épreuve a été de rester à peu près détendue devant la mairie. Au fur et à mesure que les gens arrivaient je n'ai pu m'empêcher de scruter pour vérifier s'il était là. Puis quand ma famille proche est arrivée et que nous avons discuté, la situation a été un peu tendue car je l'ai vu arriver au loin, mais il est resté à distance à dire bonjour à quelques personnes. D'un air de ne pas avoir l'air je me suis éloignée pour voir le petit étang devant la mairie, si bien que lui est allé rejoindre le groupe familial.
Ma seconde étape a été de devoir suivre son pas pour entrer dans la mairie, car nous étions proches, mais il a réussi a esquiver et est parti de son côté. Après coup sur les photos, j'ai vu qu'il était vraiment juste derrière moi, mais bon ...
Nous avons réussi à nous éviter toute la journée, même durant le vin d'honneur. Il faut dire que je suis allée avec les enfants, pour une fois la surveillance était une bonne excuse. Ma famille a du bien comprendre puisque mes tantes/cousins sont venus nous rejoindre pour discuter un brin... Bref tout le monde y a mis du sien.
La soirée à table s'est bien passée. Comme m'avait annoncé ma cousine (la mariée) nous n'étions pas du tout à la même table, ni même du même côté de la salle. Le seul hic c'est que nos places étaient dans le même champ visuel, si bien que parfois, malgré nos efforts, nos regards se sont croisés en mode vitesse de l'éclair en faisant mine de ne pas nous êtres vus.
J'ai même réussi a aller danser avec mon homme et ne pas me sentir mal, en me disant qu'il devait très certainement me critiquer moi qui ne ressemble pas à ce qu'il voudrait. Pour une fois je me suis sentie (du moins j'ai tenté) décomplexée malgré mon malaise général (je parle de mon physique, danser malgré mes complexes, d'autant plus que depuis que nous nous sommes vu j'ai été enceinte d'Elyne et j'ai gardé des kg - sujet difficile car du côté de sa famille à lui tout le monde est svelte).
Je suis assez étonnée de mes sentiments mêlés à me dire qu'au fond, face à un tel comportement je ne perds pas grand chose. Mais en même temps c'est mon père donc son mépris et son indifférence me font beaucoup de mal malgré tout. Et puis au delà de nous, son attitude face à ses petites filles me blesse énormément. En effet, on a eu beau s'éviter toute la soirée, lorsque les enfants passaient à proximité de lui, lorsqu'elle déambulaient dans la salle, je n'ai pu m'empêcher de vérifier son attitude. Je dois dire que le fait qu'il les ait ignoré, et qu'il n'ait même pas jeté un oeil discret sur elles m'a profondément blessé. Elles sont une partie de lui, ce sont ses petites filles et il n'en a eu rien à faire. Autant que de parfaites inconnues (qu'elles sont devenues par sa faute et son choix) qu'il aurait pu croiser dans la rue. Il n'a même pas posé un regard attendri ou ému sur elles, même discrètement, non rien de rien. Il n'a vu Léane que 3 fois (4 maintenant) depuis le début de sa vie, pour Elyne c'était la 1ère fois... Bref, il faut faire avec, on n'a pas le choix que de subir même indirectement la méchanceté et l'ignorance des autres.
La vie continue, c'est tout ce que je dois me dire. Et au fond, sans lui, la vie est quand même meilleure ....